José Luis Fonrouge

Texte paru dans le numéro 50 du bulletin de Mountain Wilderness France (3ème trimestre 2001)

José Luis Fonrouge au sommet du Fitz Roy, après l'ouverture du Supercouloir. Ph. Coll. Fonrouge

Devant le Fitz Roy, après l'ouverture du Supercouloir. 
Ph. Coll. Fonrouge

C'est avec une grande émotion que nous avons appris, fin avril dernier, le décès de José Luis Fonrouge dans un accident d'avion, en compagnie de son épouse et de sa fille.

Né en 1943, cet alpiniste argentin, qui finira par conquérir une renommée internationale, est l'homme qui a imposé le style alpin dans les Andes. Dès le milieu des années 50, à une époque ou il n'était encore qu'un jeune homme, presque un gamin, c'est ce style rigoureux qui caractérise sa pratique. Découvrant la montagne à 11 ans en faisant du camping en Patagonie, c'est dès l'âge de 13 ans qu'il ouvre ses premières voies dans le Cerro Catedral ! En 1960, il effectue la seconde ascension de la tour nord du Paine, et en revient obsédé par le Fitz Roy. Il ferra une tentative en style alpin dans le fameux dièdre Nord-Est, …qui ne sera vaincu qu'en 1985, par une expédition yougoslave utilisant plus de 500 m de corde fixe. A la suite de cette tentative, il met à son actif des réalisations remarquables jusque dans les années 70, en Patagonie bien sûr -première de l'aiguille Guillaumet, du Supercouloir de la face Ouest du Fitz Roy, nouvelle voie à l'aiguille Poincenot, face Sud de l'Aconcagua-, au Yosemite ou dans les Alpes.
Et toujours avec cette constante dans le style : où les autres montent des expéditions, lui part faire une course.

C'est à cette époque que son intransigeance quant au style à adopter en montagne lui valu de rompre avec le milieu de l'andinisme. La première brèche est apparue lors de l'expédition au Cerro Torre à laquelle il participe durant l'été austral 67-68. La pose de cordes fixes, imposé contre son grès par le reste de l'équipe et alors que le sommet est presque conquit, leur coûte le sommet. Il est persuadé, probablement à juste titre vu le niveau de ses autres réalisations, qu'une tentative alpine déboucherait au sommet du champignon de glace.

Son refus d'utiliser l'oxygène au cours de l'expédition nationale argentine de 1971 à l'Everest consommera la rupture. Ses différends avec les dirigeants de l'expédition lui feront abandonner l'idée d'une tentative en solitaire et sans oxygène. Tous rentrent bredouilles.

Sa rigueur, son sens de l'éthique, l'idée qu'il se fait de la montagne l'ont tout naturellement conduit à représenter l'Amérique du Sud lors du Congrès inaugural de Mountain Wilderness, à Biella, à l'automne 1987. Il fut alors l'un des 21 garants internationaux élus pour représenter MW à travers le monde.

Nous présentons nos sincères condoléances à sa famille, à ses amis, et plus particulièrement à son fils.

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